Le « Printemps
arabe » est un ensemble de contestations populaires, d'ampleur et
d'intensité très variables, qui se produisent dans de nombreux pays du monde
arabe à partir de décembre 2010. L'expression de « Printemps arabe » fait
référence au « Printemps des peuples » de 1848 auquel il a été comparé. Ces
mouvements révolutionnaires nationaux sont aussi qualifiés de révolutions
arabes, de révoltes arabes ou encore de « réveil arabe ».
Ces évènements ont
commencé le 17 décembre 2010 dans la ville de Sidi Bouzid par la révolution en
Tunisie qui a conduit Zine el-Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir. D’autres
peuples reprennent à leur tour le slogan « Dégage ! » (ou Erhal ! en
arabe) devenu le symbole de ces révolutions. Outre le départ des dictateurs et
l’instauration d’une démocratie, les manifestants exigent un partage des
richesses qui leur assure de meilleures conditions de vie, des emplois, et la
dignité (« karama » en arabe).
Tunisie, départ d'une flambée générale
La Révolution tunisienne est une suite de
manifestations insurrectionnelles en Tunisie en décembre 2010 et janvier 2011
ayant débuté après que Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes ambulant de
vingt-six ans, s'est immolé par le feu le 17 décembre 2010 devant le siège du
gouvernorat de Sidi Bouzid. Ce suicide a entraîné une vague de colère chez les
habitants de la région de Sidi Bouzid, pauvre et surtout agricole. La colère se
propage à Kasserine et dans tout son gouvernorat, ainsi qu'à d'autres villes de
l'Atlas, comme Jendouba, avant de toucher le Sud tunisien pour enfin gagner la
capitale, Tunis.
Tir tendu de
grenade lacrymogène, Tunis le 14 janvier.
Le président Zine el-Abidine Ben Ali, en fonction
depuis 23 ans, intervient trois fois à la télévision, sur la chaîne publique
Tunisie 7 ; lors de sa première intervention, le président menace les causeurs
de troubles de terribles sanctions et accuse les médias étrangers. Lors des
deux dernières interventions télévisées, Ben Ali adopte un ton plus calme et promet
du changement et notamment la liberté d'expression, un libre accès à l'Internet
et de ne plus se représenter en 2014. Malgré cela, les manifestants réclament
toujours son départ et le général s'enfuit vers l'Arabie saoudite le 14 janvier 2011, la France lui ayant refusé
l'asile. La police et les milices du président déchu auront fait plus de 230
morts en moins d'un mois, s'attaquant à des manifestants non-armés.
Dans les jours qui suivirent le départ de Ben Ali, les milices répandent la terreur
sur la capitale en tirant sur la foule depuis des bâtiments, dans l'espoir de
semer le chaos et de voir le général revenir au pouvoir. Un gouvernement
d'union nationale est créé le 17 janvier 2011 et le culte de la personnalité de
Ben Ali se termine par le retrait de ses affiches de parfois plus de 30 mètres,
du renommage des lieux faisant référence à sa prise du pouvoir (7 novembre 1987),
comme la chaîne Tunisie 7 qui désormais s'appelle Télévision Tunisienne 1.
C'est la fin du culte du chiffre 7. Un mandat d'arrêt international est lancé
par la nouvelle justice tunisienne contre le général Ben Ali et son épouse
Leïla, cette dernière beaucoup plus haïe que son époux, en raison de ses
nombreux pillages sur le peuple. L'ancien parti gouvernemental est suspendu le
6 février.
Le 12 février, on annonce que des milliers de
Tunisiens fuient la Tunisie vers l'île de Lampedusa et l'Union européenne.
L'état d'urgence humanitaire est décrété en Italie. Le 27 février, après de
nouvelles manifestations violentes, le Premier ministre tunisien, Mohamed
Ghannouchi démissionne et est remplacé par l'ancien ministre de Bourguiba, Béji
Caïd Essebsi. Le 3 mars, le président par intérim Fouad Mebazaa annonce la
tenue de l'élection d'une Assemblée constituante le 24 juillet.
DEUX ANS APRES ...
Révolution sans solution?
Deux ans après la
révolution, les symptômes sociaux n'ont guère changé. L'économie peine à se
redresser et le chômage s'est aggravé. Résultat, les explosions de violence
sont de plus en plus fréquentes ce qui rend la transition difficile.
Deux ans après la chute de la dictature, sommes-nous en droit de triompher,
alors que le chemin demeure encore long vers une gloire tant espérée par les
Tunisiens qui ont longtemps souffert le martyre? La réponse à cette question
dépendrait de l'endroit où chacun se positionne par rapport à ce qui s'est
passé et ce qui se passe, mais aussi de l'appréhension de chacun de ce qui a
marché et ce qui a trébuché au cours de ces deux dernières années et, surtout,
de notre perception de l'avenir qu'aucun n'est en devoir ni en droit de
construire que par les Tunisiens eux-mêmes.
Deux ans après, tout le
monde constate que le déroulement des événements a voulu que les deux
composantes n'ayant pas participé à la révolution soient les premières à en
tirer profit: les médias et la classe politique dans son ensemble. Et
inversement, il s'avère que les populations ayant payé de leur sang, sont
toujours dans la même situation ou presque. Qu'ont fait les uns aux autres?
Question à méditer jusqu'à l'année prochaine voire à l'infini, autant que les
divergences animent les luttes politiciennes au grand malheur du citoyen
lambda, qui continue d'attendre vainement un développement qui ne viendra pas
ni de ce gouvernement ni d'ailleurs.
Cette réalité n'a pas
été franchement révélée jusqu'ici. L'Etat qui s'endette davantage et davantage
n'a pas les moyens. Les partenaires étrangers? C'est encore moins envisageable,
compte tenu de la crise qui frappe un peu partout dans le monde et dont la
révolution tunisienne n'est autre qu'une malheureuse illustration.
La crise la plus aigüe
est ailleurs, certes. Mais elle est aussi dans nos murs. Elle n'est pas des
moindres et elle ne date pas d'aujourd'hui, puisque sa germination a commencé
bien longtemps avant le 14 janvier. Rappelons les événements farouchement
étouffés dans le bassin minier en 2008, les violentes protestations de Ben
Guerdane en 2010 et le climat social explosif que tout le monde sentait, mais
personne ou presque n'a osé y riposter jusqu'à ce qu'un pauvre Mohamed Bouazizi
en fasse de son corps l'ultime étincelle.
Deux ans après, la
situation à Sidi Bouzid est pratiquement la même, sinon pire. Même constat à
Thala, Tatouine, Siliana, Gabès, Kerkennah, etc. «On n'a pas de baguette
magique», nous dit-on pour résoudre des problèmes structurels qui ont
perduré des décennies durant et ce n'est pas le consensus politique pour les
prochaines échéances électorales qui va les résoudre, ni même le gouvernement
d'une coalition plus large qui va satisfaire les enfants affamés et les jeunes
sans travail qui réclament tous des solutions dans l'immédiat.
C'est ainsi dire que le processus transitoire qui dure et perdure n'a pas
donné jusqu'ici satisfaction, ni pour le citoyen ordinaire ni pour l'élite. Il
suffit juste de regarder que le chômage continue de frapper, que les coupables
ne sont pas encore punis, que l'économie peine à redémarrer, que le dossier des
martyrs n'est pas encore résolu et que le système déchu est presque régénéré,
pour constater que tout reste à faire. Vraiment tout.
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