mardi 29 janvier 2013

LE PRINTEMPS ARABE & 2 ANS APRES ...


LE PRINTEMPS ARABE

 
Le « Printemps arabe » est un ensemble de contestations populaires, d'ampleur et d'intensité très variables, qui se produisent dans de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010. L'expression de « Printemps arabe » fait référence au « Printemps des peuples » de 1848 auquel il a été comparé. Ces mouvements révolutionnaires nationaux sont aussi qualifiés de révolutions arabes, de révoltes arabes ou encore de « réveil arabe ».

Ces évènements ont commencé le 17 décembre 2010 dans la ville de Sidi Bouzid par la révolution en Tunisie qui a conduit Zine el-Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir. D’autres peuples reprennent à leur tour le slogan « Dégage ! » (ou Erhal ! en arabe) devenu le symbole de ces révolutions. Outre le départ des dictateurs et l’instauration d’une démocratie, les manifestants exigent un partage des richesses qui leur assure de meilleures conditions de vie, des emplois, et la dignité (« karama » en arabe).

Tunisie, départ d'une flambée générale

Manifestations à Tunis le 14 janvier.

La Révolution tunisienne est une suite de manifestations insurrectionnelles en Tunisie en décembre 2010 et janvier 2011 ayant débuté après que Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes ambulant de vingt-six ans, s'est immolé par le feu le 17 décembre 2010 devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. Ce suicide a entraîné une vague de colère chez les habitants de la région de Sidi Bouzid, pauvre et surtout agricole. La colère se propage à Kasserine et dans tout son gouvernorat, ainsi qu'à d'autres villes de l'Atlas, comme Jendouba, avant de toucher le Sud tunisien pour enfin gagner la capitale, Tunis.


Tir tendu de grenade lacrymogène, Tunis le 14 janvier.

Le président Zine el-Abidine Ben Ali, en fonction depuis 23 ans, intervient trois fois à la télévision, sur la chaîne publique Tunisie 7 ; lors de sa première intervention, le président menace les causeurs de troubles de terribles sanctions et accuse les médias étrangers. Lors des deux dernières interventions télévisées, Ben Ali adopte un ton plus calme et promet du changement et notamment la liberté d'expression, un libre accès à l'Internet et de ne plus se représenter en 2014. Malgré cela, les manifestants réclament toujours son départ et le général s'enfuit vers l'Arabie saoudite le 14 janvier 2011, la France lui ayant refusé l'asile. La police et les milices du président déchu auront fait plus de 230 morts en moins d'un mois, s'attaquant à des manifestants non-armés.

Dans les jours qui suivirent le départ de Ben Ali, les milices répandent la terreur sur la capitale en tirant sur la foule depuis des bâtiments, dans l'espoir de semer le chaos et de voir le général revenir au pouvoir. Un gouvernement d'union nationale est créé le 17 janvier 2011 et le culte de la personnalité de Ben Ali se termine par le retrait de ses affiches de parfois plus de 30 mètres, du renommage des lieux faisant référence à sa prise du pouvoir (7 novembre 1987), comme la chaîne Tunisie 7 qui désormais s'appelle Télévision Tunisienne 1. C'est la fin du culte du chiffre 7. Un mandat d'arrêt international est lancé par la nouvelle justice tunisienne contre le général Ben Ali et son épouse Leïla, cette dernière beaucoup plus haïe que son époux, en raison de ses nombreux pillages sur le peuple. L'ancien parti gouvernemental est suspendu le 6 février.

Le 12 février, on annonce que des milliers de Tunisiens fuient la Tunisie vers l'île de Lampedusa et l'Union européenne. L'état d'urgence humanitaire est décrété en Italie. Le 27 février, après de nouvelles manifestations violentes, le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi démissionne et est remplacé par l'ancien ministre de Bourguiba, Béji Caïd Essebsi. Le 3 mars, le président par intérim Fouad Mebazaa annonce la tenue de l'élection d'une Assemblée constituante le 24 juillet.

 
DEUX ANS APRES ...
Révolution sans solution?

Deux ans après la révolution, les symptômes sociaux n'ont guère changé. L'économie peine à se redresser et le chômage s'est aggravé. Résultat, les explosions de violence sont de plus en plus fréquentes ce qui rend la transition difficile.

Deux ans après la chute de la dictature, sommes-nous en droit de triompher, alors que le chemin demeure encore long vers une gloire tant espérée par les Tunisiens qui ont longtemps souffert le martyre? La réponse à cette question dépendrait de l'endroit où chacun se positionne par rapport à ce qui s'est passé et ce qui se passe, mais aussi de l'appréhension de chacun de ce qui a marché et ce qui a trébuché au cours de ces deux dernières années et, surtout, de notre perception de l'avenir qu'aucun n'est en devoir ni en droit de construire que par les Tunisiens eux-mêmes.
Deux ans après, tout le monde constate que le déroulement des événements a voulu que les deux composantes n'ayant pas participé à la révolution soient les premières à en tirer profit: les médias et la classe politique dans son ensemble. Et inversement, il s'avère que les populations ayant payé de leur sang, sont toujours dans la même situation ou presque. Qu'ont fait les uns aux autres? Question à méditer jusqu'à l'année prochaine voire à l'infini, autant que les divergences animent les luttes politiciennes au grand malheur du citoyen lambda, qui continue d'attendre vainement un développement qui ne viendra pas ni de ce gouvernement ni d'ailleurs.
 
Cette réalité n'a pas été franchement révélée jusqu'ici. L'Etat qui s'endette davantage et davantage n'a pas les moyens. Les partenaires étrangers? C'est encore moins envisageable, compte tenu de la crise qui frappe un peu partout dans le monde et dont la révolution tunisienne n'est autre qu'une malheureuse illustration.

La crise la plus aigüe est ailleurs, certes. Mais elle est aussi dans nos murs. Elle n'est pas des moindres et elle ne date pas d'aujourd'hui, puisque sa germination a commencé bien longtemps avant le 14 janvier. Rappelons les événements farouchement étouffés dans le bassin minier en 2008, les violentes protestations de Ben Guerdane en 2010 et le climat social explosif que tout le monde sentait, mais personne ou presque n'a osé y riposter jusqu'à ce qu'un pauvre Mohamed Bouazizi en fasse de son corps l'ultime étincelle.
Deux ans après, la situation à Sidi Bouzid est pratiquement la même, sinon pire. Même constat à Thala, Tatouine, Siliana, Gabès, Kerkennah, etc. «On n'a pas de baguette magique», nous dit-on pour résoudre des problèmes structurels qui ont perduré des décennies durant et ce n'est pas le consensus politique pour les prochaines échéances électorales qui va les résoudre, ni même le gouvernement d'une coalition plus large qui va satisfaire les enfants affamés et les jeunes sans travail qui réclament tous des solutions dans l'immédiat.
 
C'est ainsi dire que le processus transitoire qui dure et perdure n'a pas donné jusqu'ici satisfaction, ni pour le citoyen ordinaire ni pour l'élite. Il suffit juste de regarder que le chômage continue de frapper, que les coupables ne sont pas encore punis, que l'économie peine à redémarrer, que le dossier des martyrs n'est pas encore résolu et que le système déchu est presque régénéré, pour constater que tout reste à faire. Vraiment tout.

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